vendredi 1 janvier 2021

Mes vœux seront ceux du silence

Pour tout dire, je trouve que nos vœux ont pris un coup de vieux

Pour en dire encore plus, j'ai envie de remiser la plume. 

Je n’ai plus le goût d’écrire là, maintenant, pour vous, pour moi, pour rien.


Nos mots, la babelisation des paroles, le babil permanent des opinions mondiales dont on se torche, me fait renoncer à croire que l’expression verbale soit porteuse d’un espoir quelconque. A chaque fois que quelqu’un s’exprime ici, sur ces réseaux, un chaton meurt quelque part dans l’univers. J’en suis sûr.


Même chez les artistes, je ne lis que phrases toutes faites et réflexions convenues, ou en tout cas, qui ne cherchent pas à faire bouger grand’ chose et pire, qui prétendent s’attacher à une situation de confort bourgeois, derrières les murs des théâtres, des scènes, des claviers d’ordinateurs, des micros, accrochés à un statut social beaucoup plus qu’à l’expression d’œuvres révolutionnaires ou au moins révoltées.

Même les attitudes rebelles de subventionnés culturels semblent tout à fait obsolètes et marquetées tant on passe notre temps à se plaindre, à revendiquer la liberté individuelle, sans dieu, ni maître, sans genre, sans rien… et donc à lobotomiser nos espaces d’échanges afin que plus personne ne puisse plus parler de personne tant qu’on n’a pas pris l’avis de chacun. 

Absurdistan vous dites ? Elle est où l’unité ? Il est où le grand souffle collectif ? 

L’universalité se meurt sous les coups des démagogues et du libéralisme abruti.


Mais foin de l’ambiance un tantinet dépressive de cette fin du monde qui approche à grands pas, je n’ai jamais eu autant envie de dire à travers la musique, je n’ai jamais eu autant foi dans l’inexprimable, et justement, dans le « ce qu’on ne peut pas dire »: c’est-à-dire, l’Art.


Pas la chansonnette à 1 milliard de vue sur YouTube d’un jeune entrepreneur de la musique dont l’indépendance est garantie par Universal, pas le livre d’une gamine portée aux nues par des maisons d’édition gorgées de vieux pédophiles, pas le blockbuster de vieux ricains en fin de vie qui ont gonflé nos désirs de cinéma au XXe siècle, pas de vieilles peintures de musées pénibles à contempler ou d’une énième version de Molière ou du Lac des Cygnes. Non, non et non.

Des chemins nouveaux, des mélodies jeunes et incertaines, des morceaux qui ne cherchent pas à avoir raison, à vendre ou à convaincre, un piano électrique et versatile, dont les mots peinent à définir le chemin, ce qui reste la plus grand garantie de sa liberté.


Vous voyez ? Je me prends d’un coup à espérer, à souhaiter l’anfractuosité vers de nouvelles dimensions, des univers parallèles où enfin la parole n’est plus capable d’emmurer la vivante, le créatif, l’inventeur, la danseuse, la fondatrice, le civilisateur. Là où il n’y a ni style, ni genre, mais la mort et l’amour, tout le reste n’étant que relatif et paradis introuvables.


Je vais vais donc me taire et laisser faire la musique. J’ai écrit trop de bêtises, de mots, parfois même mal orthographiés, avec l’espoir d’un changement, de faire la différence. Las, toutes ces phrases perdues au milieu des vôtres n’ont strictement aucune importance. Le son, l’onde, le crescendo, l’andante, le groove, la cadence, la mélodie… voilà les seuls mots que je me souhaite, que je nous souhaite. 


Taisons nous plus, agissons mieux, aimons tout ce qu’on peut aimer, silencieux et enfin disponibles aux autres, à soi, à la vie. Vite.


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