mercredi 11 juillet 2018

Un nouveau désespoir

Ce monde croit aux dieux, aux diables, aux puissances invisibles.
Ce monde croit à l’inéluctabilité de la Force telle que définie par Georges Lucas.
Ce monde ne veut surtout pas regarder en face sa propre fin, alors que les miroirs mis en place par les dernières technologies réfléchissent sa bêtise à longueur de journée par l’écran tactile mais intouchable d’un mouvement universel. 
Ce monde non seulement croit à des forces diffuses et cachées, mais il les appelle de ses vœux comme l’échappatoire ultime à ses désirs hédonistes, enfin sans lendemains, pêcheur ou saint suivant la force de ses convictions intimes, aventurier nihiliste aux aspirations bukowskiennes pour les plus courageux. 

Ce monde dont on pense qu’il ne croit plus en rien, est plus que jamais admiratif d’un au-delà qui justifierait enfin sa propre impuissance, son incapacité chronique à répondre aux exigences d’une éthique, fusse son urgence invoquée par l’humanité la plus désespérée. Et s’il ne se tourne pas vers le ciel pour trouver ses dieux, il trouve dans sa propre histoire, en une réflexion empirique, les justifications de son impuissance chronique, miraculeusement désigné par les générations précédentes comme le réceptacle idiot d’un fruit qu’il ne désire que manger.
En commençant par les politiciens, puis les marchés.
Tous ces puissants semblent agir et parler comme s’ils étaient les victimes d’une puissance erratique dont le contrôle leur échapperait. Regardez les donner des noms à des dieux-mots qui les excusent et les déculpabilisent: la dette, la reprise, les lois, les codes… 
Comme si ces derniers n’émanaient pas d’eux.

Il est totalement normal du coup, que les peuples se tournent vers l’irrationnel, les mystiques, le complotisme dans la mesure où ceux qui les dirigent semblent faire de même face aux responsabilités qui leur incombent

jeudi 15 mars 2018

Je parle

Je parle, je parle, je parle parce que tu m'écoutes pas
J'écris aussi, parce que même si tu m'écoutes, tu m'entends pas
Tu t'en tamponnes
Je parle parce que j'ose pas te dire, je veux pas te montrer
Je te hais parce que tu m'aimes pas, je t'aime pas parce que tu hais, pas pour ce que tu es
Tu écris, tu parles, tu craches, tu hurles, tu insultes et moi je fais pareil,
Comme un con, comme une locomotive dégueulasse qui fonce sans crier gare
Parce qu'on se voit pas, parce que t'es con toi aussi
Alors tu craches, tu hurles, tu gueules ce que tu crois que t'es
mais ce qui est vrai, tu le caches, tu l'enfouis dans ton ventre, dans la terre
C'est pour ça que je parle, je parle mais t'es sourd comme un moi sans oreilles
Mais tu sais quoi, je vais arrêter,
Ce champ de bataille rempli de fiel
Où les ennemis rappliquent, et d'autres arrivent encore
Ils parlent, ils parlent, ils parlent parce qu'on les écoute pas
Personne ne les écoute, leur voisin, le monde, leur famille
Ils sont seuls alors ils hurlent, ils insultent, commes des cons
Ils tueraient pour que tu les vois, ils tueraient pour être les seuls
Alors que c'est eux les voisins,
c'est eux le monde,
c'est eux la famile
Quand c'est qu'on dit nous ?
Me fais pas rire
Alors je parle, je parle parce que tu viens toujours pas,
Je parle parce que t'as jamais été là
Je me parle en fait
Je t'écrase et je me rassure
Parce que si t'es pas là au moins,
J'ai mes excuses, ma raison
C'est moi qui ai raison
Tu m'entends ? Eh, je te parle !!
C'est moi qui ai raison,
Moi.




(On a même pas le courage de se taper dessus,
Quand on s'insulte, on se protège
Tu t'indignes de quoi pauvre petite chair ?
T'as quoi à me dire !?
Toutes tes colères qui suintent dans des sièges Ikea
ces doigts fébriles qui hurlent leur besoin d'exister
Cette envie d'avoir raison qui dégouline dans des fils électriques
t'en fais quoi quand t'as tout éteint, ta conscience, ta confiance?)



samedi 24 février 2018

L'eau séant


Ecrire contre la nausée. 
Ecrire contre la chaleur. 
Contre l'étouffement. 
Laisser les mots comme autant de gouttes de sueur 
suinter par les pores de l'inspiration, 
au rythme de notre respiration haletante. 

T'es tu déjà imaginé comme une gigantesque planète océan, 
dont notre conscience au moment présent, 
serait la surface où ressurgissent, venus de fonds abyssaux, 
les souvenirs et les pensées enfouis par ce temps qui passe 
dont les flots s'agitent au gré de nos choix et de nos décisions, 
et figurant dans sa perfectible rondeur apparente, 
notre vie émouvante ? 

La vois-tu cette planète sans noyau, 
sans limite, 
dont chaque nouvel instant est une vague naissante recouvrant les précédentes, 
sans qu'on puisse jamais distinguer dans la fulgurance de son mouvement, 
ce qu'elle doit au passé et ce qu'elle appelle du futur ? 

Voilà une pensée rafraîchissante. 
Une pensée d'été 
et d'avoir été.