samedi 29 mai 2021

Sauver la culture. En voilà une phrase qu'elle veut rien dire.

Ivre, je renouvelle mon offre, vue l'absence ABSOLUE d'idées sur la culture dans le débat politique, en proposant que chaque candidat travaille avec des créateurs.trices MAIS surtout, LES ÉCOUTE parce que manifestement, personne ne le fait, ne mentez pas !


J'en profite pour dire que sans création, composition, innovation, invention des artistes, il n'y a pas de culture, il n'y a pas de réseaux, il n'y a pas de techniques.

La culture, ce n'est pas un mouvement social décrêté, ce n'est pas des tableaux dans un musée, des gens dans des salles, ce ne sont pas ces vieilles définitions qui cadrent la musique à 3mn10 ou le théâtre à ses 3 unités: ça se saurait, non ?

La culture d'ailleurs, ça ne veut strictement rien dire aujourd'hui.

La culture, c'est devenu un ministère qui gère et qui ne sait rien, qui a repris les codes édictés par d'autres avant lui en reproduisant une mécanique vide, sans âme qui ressemble à celle d'un gardien de phare fissuré.

La culture, elle est faite et décidée par les gens dans un moment qui leur échappe et dont ils n'ont pas idée que C'EST la culture.

Les gens d'ailleurs, n'ont pas à avoir une idée de la culture. 
Ils n'ont pas nécessairement à être cultivé au sens où la doxa sociale l'entend.

Le rap n'est pas arrivé par décision ministériel, le rock non plus, la techno encore moins.
La culture qui les a rendus possibles n'est certainement pas celle qui s'enseigne en tout cas.

Ce que doit faire l'état ou le mécène, c'est donner des lieux, de l'argent et des moyens aux gens prêts à s'investir, à imaginer, à proposer même s'il faut réduire la voilure. Pas à des arts qui fonctionnent désormais comme des corporations et dont la seule fin est de se maintenir confortablement, dans une posture de révolutionnaire de salon parce que le cubi est vide.

Non aux salles spécialisées, non à la danse d'un côté, aux arts plastiques de l'autre, à la musique ailleurs ; non au pré-carré des scènes nationales et leurs thuriféraires bien nourris.

Pourquoi pas un endroit avec des lieux d'échanges, de répétitions, convergeant vers une scène commune ?

Au passage, c'est quoi cet hypocrisie des Beaux Arts qui prétend à la trans-disciplinarité et qui renvoie ses ouailles dans un monde qui n'embauche que des spécialistes ?

Il faut ouvrir les salles, que les générations se retrouvent dans un même lieu, tour à tour, avec des créateurs, des créatrices disponibles pour faire vivre ces lieux, comme des auxiliaires et des révélateurs des endroits où ils travaillent.

Ne vous inquiétez pas, je ne parle pas de stage de macramé, mais de l'autogestion dans le geste artistique.
Des lieux subventionnés ou financés avec une mission : un endroit de partage où le public du jour est sur scène le lendemain, casser le mur entre amateurs et profesionnels. Un bel outil comme on dit, c'est pas fait pour marcher 4 jours sur 7 et seulement le soir.

Ouvrir aux propositions par le collectif et non pas sur décision d'une seule personne au sommet de la pyramide.

vendredi 1 janvier 2021

Mes vœux seront ceux du silence

Pour tout dire, je trouve que nos vœux ont pris un coup de vieux

Pour en dire encore plus, j'ai envie de remiser la plume. 

Je n’ai plus le goût d’écrire là, maintenant, pour vous, pour moi, pour rien.


Nos mots, la babelisation des paroles, le babil permanent des opinions mondiales dont on se torche, me fait renoncer à croire que l’expression verbale soit porteuse d’un espoir quelconque. A chaque fois que quelqu’un s’exprime ici, sur ces réseaux, un chaton meurt quelque part dans l’univers. J’en suis sûr.


Même chez les artistes, je ne lis que phrases toutes faites et réflexions convenues, ou en tout cas, qui ne cherchent pas à faire bouger grand’ chose et pire, qui prétendent s’attacher à une situation de confort bourgeois, derrières les murs des théâtres, des scènes, des claviers d’ordinateurs, des micros, accrochés à un statut social beaucoup plus qu’à l’expression d’œuvres révolutionnaires ou au moins révoltées.

Même les attitudes rebelles de subventionnés culturels semblent tout à fait obsolètes et marquetées tant on passe notre temps à se plaindre, à revendiquer la liberté individuelle, sans dieu, ni maître, sans genre, sans rien… et donc à lobotomiser nos espaces d’échanges afin que plus personne ne puisse plus parler de personne tant qu’on n’a pas pris l’avis de chacun. 

Absurdistan vous dites ? Elle est où l’unité ? Il est où le grand souffle collectif ? 

L’universalité se meurt sous les coups des démagogues et du libéralisme abruti.


Mais foin de l’ambiance un tantinet dépressive de cette fin du monde qui approche à grands pas, je n’ai jamais eu autant envie de dire à travers la musique, je n’ai jamais eu autant foi dans l’inexprimable, et justement, dans le « ce qu’on ne peut pas dire »: c’est-à-dire, l’Art.


Pas la chansonnette à 1 milliard de vue sur YouTube d’un jeune entrepreneur de la musique dont l’indépendance est garantie par Universal, pas le livre d’une gamine portée aux nues par des maisons d’édition gorgées de vieux pédophiles, pas le blockbuster de vieux ricains en fin de vie qui ont gonflé nos désirs de cinéma au XXe siècle, pas de vieilles peintures de musées pénibles à contempler ou d’une énième version de Molière ou du Lac des Cygnes. Non, non et non.

Des chemins nouveaux, des mélodies jeunes et incertaines, des morceaux qui ne cherchent pas à avoir raison, à vendre ou à convaincre, un piano électrique et versatile, dont les mots peinent à définir le chemin, ce qui reste la plus grand garantie de sa liberté.


Vous voyez ? Je me prends d’un coup à espérer, à souhaiter l’anfractuosité vers de nouvelles dimensions, des univers parallèles où enfin la parole n’est plus capable d’emmurer la vivante, le créatif, l’inventeur, la danseuse, la fondatrice, le civilisateur. Là où il n’y a ni style, ni genre, mais la mort et l’amour, tout le reste n’étant que relatif et paradis introuvables.


Je vais vais donc me taire et laisser faire la musique. J’ai écrit trop de bêtises, de mots, parfois même mal orthographiés, avec l’espoir d’un changement, de faire la différence. Las, toutes ces phrases perdues au milieu des vôtres n’ont strictement aucune importance. Le son, l’onde, le crescendo, l’andante, le groove, la cadence, la mélodie… voilà les seuls mots que je me souhaite, que je nous souhaite. 


Taisons nous plus, agissons mieux, aimons tout ce qu’on peut aimer, silencieux et enfin disponibles aux autres, à soi, à la vie. Vite.