mercredi 24 septembre 2014

J'aime le mauvais temps

Protégés par la pluie,
Protégés par le vent
Qui ont éteint le ciel
Pendant que tu sommeilles
Je goûte le silence

Je travaille doucement
Pour ne pas te réveiller
J'allume la lumière
Alors qu'il doit faire jour

Il n'y a rien à faire
En-dehors de chez nous

On est si bien ici

Le bruit est étouffé
La ville enfin se tait
Il n'y aura pas de parc
Il n'y aura pas de courses

Le monde se tait enfin
On est bien, Leia, hein ?
On est bien.

Chut.

lundi 14 juillet 2014

Faites Nattes ! Y a Naou !

Je n'ai rien à apprendre de gens qui se font la guerre, ni de leçon de morale à recevoir de leur part, et s'ils veulent continuer, qu'ils ne s'en prennent qu'à eux-mêmes et ne demandent pas au monde de s'en mêler, surtout s'il s'agit de s'appuyer sur des textes écrits par des inconnus, remplis de lois obsolètes, de religions cœrcitives et de règles de vie aussi mal interprétées que mal vécues.

Vive la liberté et le temps où les nations éjecteront de leurs fauteuils, ces dirigeants "auxquels ils élèvent des statues et qui pour les remercier, leur construisent des cimetières"*

(In "Je devais sauver le monde, mais pas aujourd'hui, y a feu d'artifice")

*plus ou moins du Pierre-Emmanuel Barré



vendredi 11 juillet 2014

5 apparitions de pianistes sur mon clavier

le pianiste de scène (genre: rock)
Il se distingue de son homonyme "variété" par un investissement sincère dans son instrument si on se fie à cette énergie folle que met son bassin à bouger aux quatre points cardinaux alors que ses doigts jouent les 3 notes du riff (avec la main droite seule)
Il finit assez souvent chanteur, frustré qu'il est de ne pouvoir sauter dans le public, le slam en back flip avec orgue Hammond ou Rhodes 73 n'ayant toujours pas été homologué comme "sans danger" par la commission des "trucs à la con" du rock.
Souvent ex-bon élève de conservatoire, ce talent qui lui permettait de choper au lycée lui est devenu inutile, caché dans l'ombre de ses acolytes en front, dont il partage rarement la fantaisie vestimentaire. Et pour cause: ça ne sert à rien quand on est derrière.


le pianiste m'as-tu-vu (genre: jazz)
Il compense généralement un vide émotionnel par un savoir faire encyclopédique du plan qui tue. Usain Bolt du piano, un sourire ne vient illuminer son visage que lorsqu'il a réussi à couvrir l'ensemble des 88 touches de son piano en moins de 5/100ème. Confit d'avis définitifs sur ses acolytes, toujours des "tocards", il n'accepte de jouer avec eux que pour des cachets dérisoires devant un auditoire éparse, mou MAIS mélomane. Assez péniblement accoutré de chemises trop longues, noires OU bariolées, il est le représentant couru d'un genre qui n'a pas besoin de lui.

le pianiste geek (genre: expérimental)
historien de notre belle discipline, sa connaissance pléthorique des claviers le voue à l'adoration des dieux Moog, Prophet ou Jupiter. Assez chiant en société, ce comparse idéal au travail se montre plutôt bon arrangeur dès lors qu'on sait apprécier les morceaux où le chant est noyé dans des sons tonitruants et disons-le, à la limite du supportable. Compensant son éventuelle déficience en solfège par une exigence du son sans faille, il est l'ennemi des nounous des autres musiciens, prolongeant les répétitions tard dans la nuit, jusqu'à la trouvaille de l'anti accord absolu.

le pianiste j'm'en pète les couilles (genre: tous)
catégorie non spécifique à notre discipline, il est remarquable en ceci qu'il ne se divise qu'en deux catégories: le mec qui fait bien tout de suite et fait illusion dans sa fumisterie, celui qui fait de la merde et s'illustre du coup, par une mauvaise foi hallucinante lorsqu'on lui reproche son manque d'investissement. Dans tous les cas, son imperturbable jemenfoutisme, sorte d'aigreur dû à une non-reconnaissance de son prétendu talent, le condamne lentement mais sûrement, à sortir du circuit pour monter un studio où il pourra enfin composer pour sa femme. Si elle reste.

le pianiste d'orchestre (genre: variété): a généralement commencé très tôt comme enfant de la balle, ou très tard comme seule issue de secours à sa non-carrière. Sa caractéristique première est de se foutre des sons qui sortent de ses machines comme de son premier klaxon. Capable de jouer du Daft Punk avec un son d'orgue Farfisa ou un solo de trompette avec un clavier d'enfant acheté à Toustock, son manque d'oreille force le respect et notamment celui de ses comparses, généralement là surtout pour la cachet. Jamais le dernier au buffet, il finit sa carrière en ne jouant plus que de la main droite, les machines faisant le reste. Il connaîtra son heure de gloire en accompagnant d'obscures ex-choristes de Michel Sardou ou de Jeanne Mas qui impressionnées par son talent et la ménopause, se laisseront palper le popotin dans les toilettes toutes aussi obscures de casinos oubliés. 


vendredi 13 juin 2014

On dit, Un homme, Des abrutis

J'AIMERAIS VRAIMENT qu'on interdise à certains politiciens et journalistes- présentateurs de télé, l'usage de l'article défini au pluriel: "les"

Pour mieux comprendre où je veux en venir, prenez un syntagme aussi simple que: "LES français"

Essayez maintenant d'imaginer ce à quoi ressemble la nébuleuse interprétation de l'ensemble d'individus contenue dans "LES français":

quand c'est Le Pen qui le dit...

quand c'est Copé qui le dit..

quand c'est Fabius qui le dit...

quand c'est Cahuzac qui le dit...

quand un pseudo-journaliste de BFM le dit..

quand un pseudo-journaliste de Canal le dit...

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi  il est assez clair que d'un coup de baguette magique, l'intention de ce "les" - pauvre, sinistre - est de faire comprendre, sans rien dire, à l'auditoire idoine, tout un ensemble de clichés, d'idées convenues attenant à ce groupe ainsi (pré)déterminé, soit pour qu'il se sente inclus dans cette masse informe (oui, je suis de ces français) ou exclu (non, je ne suis pas de ces français)

Et maintenant, faites un essai, et prononcez les syntagmes suivant, en vous focalisant sur l'ensemble de clichés que vous véhiculez lorsque vous utilisez ce "LES"

"les cheminots"

"les femmes"

"les homosexuels"

"les chinois"

"les gens de gauche"

"les gens de droite"

"les juifs"

"les palestiniens"

"les footeux"

J'enfonce le clou.
Dans le dico du net, on trouve la définition de "les" et son usage:

1) Une chose ou un être déjà identifié.
2) Une chose ou un être facilement identifiable.
3) Une catégorie générale d’êtres ou de choses.

Je crois que la leçon est assez claire. Cet article est un ennemi de la connaissance présupposant une identification acquise de celui qu'on définit.

Quant un institut de sondage (j'avais envie de rajouter "de mes couilles" mais je trouvais ça vulgaire), vous dit:
"54% des français pensent que..", vous êtes bien conscients qu'ils parlent de 1000 anonymes triés on ne sait comment pour satisfaire le commanditaire du sondage ? Vous en êtes conscients, hein ?
Dites moi oui.

Enfin, voici un petit test marrant pour faire taire l'abruti dans une assemblée (ou celui qui est en nous, ça marche aussi)

La prochaine fois qu'une personne vous parlera en vous donnant du "les arabes", "les roms", "les profs", "les commerçants", "les professions libérales", "les journalistes", arrêtez-la dans sa course folle à l'ignorance et demandez-lui ce qu'elle entend par ce syntagme.

Vous verrez son discours se désagréger, essayant tant bien que mal de rassembler des informations diffuses et invérifiables, afin de justifier ce qu'elle imagine penser, dans le salmigondis inculte de son envie d'avoir raison.

Allez, premier exercice du jour: LES INTERMITTENTS

mercredi 4 juin 2014

Il n'y a pas de début à l'infini

Comme beaucoup, je suis un musicien sans public, quelqu'un de très créatif qui n'entraîne personne dans ses fulgurances, arrêtées qu'elles sont, en pleine course, par une inspiration capricieuse et une insatisfaction permanente. 

Mais peut-être est-ce juste que ma musique n'a que peu d'intérêt, peut-être parce qu'on sent parfois qu'elle pleure le fait de ne pas être aimée, qu'elle a mis trop de rouge aux joues pour être naturelle, ou alors qu'elle fait pas assez la pute, qu'il faudrait que j'y mette un peu plus de porno chic, de guitares saignantes et tranchantes pour bien montrer combien je suis déchiré à l'intérieur, combien je suis beau dans la tristesse et la révolte de mon 60m2 sponsorisé et subventionné et qu'il faudrait que j'y mette un peu plus de faux jeune, de botox et de ritournelles shanana avec un super cul.

C'est que j'ai pas dû lire les bons bouquins, pas écouter les bonnes musiques. C'est que je veux pas écouter ce que la société me dit tout le temps: TERMINE CE QUE TU AS COMMENCÉ

Et si MOI je savais pas finir !? Et si je ne savais pas achever moi, hein ?! Et si la fin m'emmerdait ? Et si les fins m'emmerdaient ?
Et si j'aime, moi, payer mes amendes avec 50% de majoration parce que ça me fait chier de payer tout de suite ?
Et si j'aime prendre la décision de parler à cette fille 23 secondes après qu'elle a disparu dans le tram, hein ?
Et si j'étais pas assez un super-héros pour empêcher le bébé de brûler dans l'incendie ?

Hey Platon, je te confirme. On nous donne tout avant et on nous prend tout après.

Le problème, c'est que mes déchirures sont lancinantes, qu'elles sourdent et qu'elles ne sont pas excitantes à voir, à entendre: ma vie s'étale dans sa plus grande banalité, sans de trop fortes baffes et sans trop de méchantes caresses.

Oh mais t'inquiète, j'ai assez d'éducation pour pas me retrouver en prison.

Et si c'était ça le problème. 
Une musique qui n'est jamais allée en prison peut elle connaître la liberté ? Tu le vois venir mon cliché ? 

Je rigole, pauvre type !

Non, y a pas de règle.
Non. Les affamés ne sont pas les plus gentils et les affameurs ne sont pas les plus méchants.

Allez, va.

Ne jamais exclure qu'on ait pu naître sans la moindre once de talent, ni de charisme. 
Voilà une pensée qui me rassure.

Ah ben si, c'est quand même rassurant. 
Et en plus, c'est là que le travail commence.
C'est là que la musique commence.
Tu n'es personne. Tu n'es qu'une note et ce qu'elle va devenir. 
Longue, courte, forte, mezzo, en haut, en bas du clavier… aaah, que choisir ?
La première. La dernière.


Et Entre, toi !