vendredi 11 juillet 2014

5 apparitions de pianistes sur mon clavier

le pianiste de scène (genre: rock)
Il se distingue de son homonyme "variété" par un investissement sincère dans son instrument si on se fie à cette énergie folle que met son bassin à bouger aux quatre points cardinaux alors que ses doigts jouent les 3 notes du riff (avec la main droite seule)
Il finit assez souvent chanteur, frustré qu'il est de ne pouvoir sauter dans le public, le slam en back flip avec orgue Hammond ou Rhodes 73 n'ayant toujours pas été homologué comme "sans danger" par la commission des "trucs à la con" du rock.
Souvent ex-bon élève de conservatoire, ce talent qui lui permettait de choper au lycée lui est devenu inutile, caché dans l'ombre de ses acolytes en front, dont il partage rarement la fantaisie vestimentaire. Et pour cause: ça ne sert à rien quand on est derrière.


le pianiste m'as-tu-vu (genre: jazz)
Il compense généralement un vide émotionnel par un savoir faire encyclopédique du plan qui tue. Usain Bolt du piano, un sourire ne vient illuminer son visage que lorsqu'il a réussi à couvrir l'ensemble des 88 touches de son piano en moins de 5/100ème. Confit d'avis définitifs sur ses acolytes, toujours des "tocards", il n'accepte de jouer avec eux que pour des cachets dérisoires devant un auditoire éparse, mou MAIS mélomane. Assez péniblement accoutré de chemises trop longues, noires OU bariolées, il est le représentant couru d'un genre qui n'a pas besoin de lui.

le pianiste geek (genre: expérimental)
historien de notre belle discipline, sa connaissance pléthorique des claviers le voue à l'adoration des dieux Moog, Prophet ou Jupiter. Assez chiant en société, ce comparse idéal au travail se montre plutôt bon arrangeur dès lors qu'on sait apprécier les morceaux où le chant est noyé dans des sons tonitruants et disons-le, à la limite du supportable. Compensant son éventuelle déficience en solfège par une exigence du son sans faille, il est l'ennemi des nounous des autres musiciens, prolongeant les répétitions tard dans la nuit, jusqu'à la trouvaille de l'anti accord absolu.

le pianiste j'm'en pète les couilles (genre: tous)
catégorie non spécifique à notre discipline, il est remarquable en ceci qu'il ne se divise qu'en deux catégories: le mec qui fait bien tout de suite et fait illusion dans sa fumisterie, celui qui fait de la merde et s'illustre du coup, par une mauvaise foi hallucinante lorsqu'on lui reproche son manque d'investissement. Dans tous les cas, son imperturbable jemenfoutisme, sorte d'aigreur dû à une non-reconnaissance de son prétendu talent, le condamne lentement mais sûrement, à sortir du circuit pour monter un studio où il pourra enfin composer pour sa femme. Si elle reste.

le pianiste d'orchestre (genre: variété): a généralement commencé très tôt comme enfant de la balle, ou très tard comme seule issue de secours à sa non-carrière. Sa caractéristique première est de se foutre des sons qui sortent de ses machines comme de son premier klaxon. Capable de jouer du Daft Punk avec un son d'orgue Farfisa ou un solo de trompette avec un clavier d'enfant acheté à Toustock, son manque d'oreille force le respect et notamment celui de ses comparses, généralement là surtout pour la cachet. Jamais le dernier au buffet, il finit sa carrière en ne jouant plus que de la main droite, les machines faisant le reste. Il connaîtra son heure de gloire en accompagnant d'obscures ex-choristes de Michel Sardou ou de Jeanne Mas qui impressionnées par son talent et la ménopause, se laisseront palper le popotin dans les toilettes toutes aussi obscures de casinos oubliés. 


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