vendredi 13 juin 2014

On dit, Un homme, Des abrutis

J'AIMERAIS VRAIMENT qu'on interdise à certains politiciens et journalistes- présentateurs de télé, l'usage de l'article défini au pluriel: "les"

Pour mieux comprendre où je veux en venir, prenez un syntagme aussi simple que: "LES français"

Essayez maintenant d'imaginer ce à quoi ressemble la nébuleuse interprétation de l'ensemble d'individus contenue dans "LES français":

quand c'est Le Pen qui le dit...

quand c'est Copé qui le dit..

quand c'est Fabius qui le dit...

quand c'est Cahuzac qui le dit...

quand un pseudo-journaliste de BFM le dit..

quand un pseudo-journaliste de Canal le dit...

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi  il est assez clair que d'un coup de baguette magique, l'intention de ce "les" - pauvre, sinistre - est de faire comprendre, sans rien dire, à l'auditoire idoine, tout un ensemble de clichés, d'idées convenues attenant à ce groupe ainsi (pré)déterminé, soit pour qu'il se sente inclus dans cette masse informe (oui, je suis de ces français) ou exclu (non, je ne suis pas de ces français)

Et maintenant, faites un essai, et prononcez les syntagmes suivant, en vous focalisant sur l'ensemble de clichés que vous véhiculez lorsque vous utilisez ce "LES"

"les cheminots"

"les femmes"

"les homosexuels"

"les chinois"

"les gens de gauche"

"les gens de droite"

"les juifs"

"les palestiniens"

"les footeux"

J'enfonce le clou.
Dans le dico du net, on trouve la définition de "les" et son usage:

1) Une chose ou un être déjà identifié.
2) Une chose ou un être facilement identifiable.
3) Une catégorie générale d’êtres ou de choses.

Je crois que la leçon est assez claire. Cet article est un ennemi de la connaissance présupposant une identification acquise de celui qu'on définit.

Quant un institut de sondage (j'avais envie de rajouter "de mes couilles" mais je trouvais ça vulgaire), vous dit:
"54% des français pensent que..", vous êtes bien conscients qu'ils parlent de 1000 anonymes triés on ne sait comment pour satisfaire le commanditaire du sondage ? Vous en êtes conscients, hein ?
Dites moi oui.

Enfin, voici un petit test marrant pour faire taire l'abruti dans une assemblée (ou celui qui est en nous, ça marche aussi)

La prochaine fois qu'une personne vous parlera en vous donnant du "les arabes", "les roms", "les profs", "les commerçants", "les professions libérales", "les journalistes", arrêtez-la dans sa course folle à l'ignorance et demandez-lui ce qu'elle entend par ce syntagme.

Vous verrez son discours se désagréger, essayant tant bien que mal de rassembler des informations diffuses et invérifiables, afin de justifier ce qu'elle imagine penser, dans le salmigondis inculte de son envie d'avoir raison.

Allez, premier exercice du jour: LES INTERMITTENTS

mercredi 4 juin 2014

Il n'y a pas de début à l'infini

Comme beaucoup, je suis un musicien sans public, quelqu'un de très créatif qui n'entraîne personne dans ses fulgurances, arrêtées qu'elles sont, en pleine course, par une inspiration capricieuse et une insatisfaction permanente. 

Mais peut-être est-ce juste que ma musique n'a que peu d'intérêt, peut-être parce qu'on sent parfois qu'elle pleure le fait de ne pas être aimée, qu'elle a mis trop de rouge aux joues pour être naturelle, ou alors qu'elle fait pas assez la pute, qu'il faudrait que j'y mette un peu plus de porno chic, de guitares saignantes et tranchantes pour bien montrer combien je suis déchiré à l'intérieur, combien je suis beau dans la tristesse et la révolte de mon 60m2 sponsorisé et subventionné et qu'il faudrait que j'y mette un peu plus de faux jeune, de botox et de ritournelles shanana avec un super cul.

C'est que j'ai pas dû lire les bons bouquins, pas écouter les bonnes musiques. C'est que je veux pas écouter ce que la société me dit tout le temps: TERMINE CE QUE TU AS COMMENCÉ

Et si MOI je savais pas finir !? Et si je ne savais pas achever moi, hein ?! Et si la fin m'emmerdait ? Et si les fins m'emmerdaient ?
Et si j'aime, moi, payer mes amendes avec 50% de majoration parce que ça me fait chier de payer tout de suite ?
Et si j'aime prendre la décision de parler à cette fille 23 secondes après qu'elle a disparu dans le tram, hein ?
Et si j'étais pas assez un super-héros pour empêcher le bébé de brûler dans l'incendie ?

Hey Platon, je te confirme. On nous donne tout avant et on nous prend tout après.

Le problème, c'est que mes déchirures sont lancinantes, qu'elles sourdent et qu'elles ne sont pas excitantes à voir, à entendre: ma vie s'étale dans sa plus grande banalité, sans de trop fortes baffes et sans trop de méchantes caresses.

Oh mais t'inquiète, j'ai assez d'éducation pour pas me retrouver en prison.

Et si c'était ça le problème. 
Une musique qui n'est jamais allée en prison peut elle connaître la liberté ? Tu le vois venir mon cliché ? 

Je rigole, pauvre type !

Non, y a pas de règle.
Non. Les affamés ne sont pas les plus gentils et les affameurs ne sont pas les plus méchants.

Allez, va.

Ne jamais exclure qu'on ait pu naître sans la moindre once de talent, ni de charisme. 
Voilà une pensée qui me rassure.

Ah ben si, c'est quand même rassurant. 
Et en plus, c'est là que le travail commence.
C'est là que la musique commence.
Tu n'es personne. Tu n'es qu'une note et ce qu'elle va devenir. 
Longue, courte, forte, mezzo, en haut, en bas du clavier… aaah, que choisir ?
La première. La dernière.


Et Entre, toi !